Bonjour à tous
De 1969 à l'année 1972, j'ai été successivement pilote, tireur puis enfin chef de char AMX 30.
J'ai tout d'abord été élève à l’École des S/officier de SAUMUR où j'ai appris les bases du fonctionnement du char mais surtout a être un militaire.
A mon arrivée, j'ai été affecté au peloton des AMX 30 compte tenu de ma taille, 1, 83 m. Les élèves de taille moyenne étaient affectés sur les chars AMX 13 et enfin les petits sur les AML, que nous appelons scout sur WOT. J'aurais été de taille moyenne je n'aurais jamais connu ce merveilleux char !!!!!!.
A la sortie de l’École, j'ai été affecté au 4 ème Régiment de cuirassier à BITCHE (57). J'ai tout d'abord été pilote du char de Commandant d'Escadron.
Lorsque l'on joue à WOT, on mène nos chars assis devant nos ordinateurs, on fonce, on tire on descend même des montagnes, notre char explose souvent, en tous cas le mien. Mais que ressent un équipage dans la réalité. Bien que la réaction des chars soit similaire lors des déplacements beaucoup de choses changent.
Au cours de mon année "scolaire" nous nous étions rendu au Centre de pilotage des chars à CARPIAGNE près de CASSIS (13). En ces lieux nous avions appris le pilotage sur simulateur, puis sur char détourellé.
A mon arrivée, à BITCHE, le Commandant de L'escadron m'amène devant ce qui allait devenir "mon" char. Il me dit, "allez y démarré le on va faire une sortie je vais vous tester". Je monte au poste de pilotage. Je règle le siège à ma hauteur, il s'agit juste d'un strapontin rembourré. A ma droite se trouve le levier de vitesse, il est placé à l'horizontale, comme si vous tendiez une canne la pointe devant vous. La poignée sert d'embrayage, il y a six vitesses. Devant moi sont installés 2 "bandes" sorte de leviers qui permettent de tourner à droite en tirant celle de droite, à gauche celle de gauche et, en même temps, tirer celle de droite et pousser celle de gauche pour virer plus rapidement. Au niveau de mon pied droit il y a l’accélérateur, au niveau pied gauche le frein. Au dessus du frein au fond de l'habitacle se trouve un inverseur, qui permet de reculer, ce qui fait que l'on peut aller aussi vite en marche avant qu'en marche arrière!!!!!!.
Le Commandant sort donc son "Mémento" et commence a me lire toutes les phases du démarrage du char, qu'il faut respecté à la lettre. Chaque chef de char possède ce petit livret. Et il commence ses ordres. "Contact" je met le contact, "magneto", j'enclenche les magnéto. "Moteur 500 tr/mn. je démarre le moteur et je règle le moteur à 500 trs/mn. Puis on passe à 1000, 1500 et enfin 2500 tr/mn. Le char est prêt à rouler. Il nous a fallu 45 minutes pour que le char soit prêt. Le tableau de bord est digne de celui d'un avion. je ne peux vous dire tout ce qu'il y avait car mes souvenirs sont lointains.
Ensuite, l'équipage monte. D'abord le tireur, au fond de la tourelle, puis le chef de char, le radio chargeur à gauche. Après avoir, tous, mis nos casques, il me dit "direction le champ de manœuvre". J'enclenche donc la première, c'est à dire que des deux mains je tire le levier de vitesse vers l'arrière, de toutes mes forces, sinon elle ne passe pas. Puis j’accélère doucement et le char avance. J'ai l'impression d'être le maitre du monde, ce monstre d'acier m’obéît. A droite je regarde le blindage avant, le canon flotte au dessus de ma tête qui dépasse de la caisse car nous ne somme pas en temps de guerre, tous, excepté le tireur avons la tête or du char.
Après une petite promenade nous atteignons le terrain de manœuvre, où là je devrais montrer ce dont je suis capable. Il faut rappeler que le Cdt de l'Escadron est au poste de chef de char et moi je n’ai que 20 ans. Une grande plaine avec vallons et collines se présentent devant moi. Je reçois l'ordre de me rendre sur la colline d'en face, au niveau d'une cabane à la vitesse maximum. Je dois parcourir plus de 3 km à la vitesse d'environ 45 km/h à bord d'un char de 40 t. Je démarre donc, après avoir repérer mon point de destination. Atteignant la vitesse de 15 km/h, je décide de passer la seconde. Je suis obligé de lâcher les bandes (directionnelles), d'agripper le levier de vitesse des deux mains et le pousser vers l'avant pour passer la seconde, et rattraper les bandes pour continuer à guider le char. J'effectue cette manœuvre pour les six vitesses, jusqu'à atteindre la vitesse maximum. Le char ballotte dans tous les sens, dans un vacarme assourdissant, heureusement qu'il y a les casques. Pour se rendre compte de l'effort consenti, pour passer les six vitesses, il faut s'imaginer lever une barre de 7 kg plusieurs fois d'affiler et recommencer en fonction du terrain. Si il y a une pente, il faut rétrograder ou inversement. Donc je suis à pleine vitesse quant soudain je m'aperçois qu'il y a devant moi un ravin que je doit franchir; il est assez large mais profond. Je sais que si je le prend de face le char se plante et peux causer d'énormes dégâts humains et matériels. Je décide donc de franchir l'obstacle de biais, sans ralentir, côté gauche. Le char s'affaisse doucement puis lorsqu'il remonte le ravin, la suspension droite renvoi le côté droit du char vers le haut, et pour amortir le choc, je donne un coup de bande à droite ce qui stabilise l'ensemble. Cette manœuvre qui est obligatoire me permet de maintenir la vitesse sans faire "bouffer de la caisse" comme on disait, à mon équipage, c'est a dire, éviter qu’ils se cognent la tête contre le blindage. J’atteignis mon but, après quelques heures de pilotage il me fit faire une marche arrière. Ce n'est pas si facile que cela. En effet pour effectuer une marche arrière, il faut avancer, freiner d'un coup, le char s'affaisse, et lorsqu'il remonte, tirer sur l'inverseur. Cette manœuvre effectuée je peux aller aussi vite en marche arrière en passant les vitesse exactement comme la marche avant. Le problèmes est, que je ne vois rien et je suis guidé par le chef de char. Autre problème si le chef de char veut que j'aille a droite, il faut que je tire sur la bande de gauche. Si lancé à grande vitesse je me trompe, c'est la catastrophe.
Voilà j'espère vous avoir un peu "captiver". Dans un prochain poste je vous parlerais du rôle du tireur, qui est important lors d'un déplacement. Je raconterais les dégâts humains que peut causer la négligence d'un tireur. Le récit est atroce , j'ai vécu en direct l'éclatement d'un crâne humain contre un blindage, difficile a supporter.
Sujet: Mon expérience à bord du char AMX 30 pour ceux qui n'étaient pas de la Nolyf 
Lun 10 Mar - 2:05
....disons plutôt le même temps que met le fut du canon à refroidir! 
